lundi 31 décembre 2018

En venir aux mains...

Chronique Terrienne n° 171
Un client, que j’accompagne depuis 18 mois, m'apporte un livre sur la résilience en clin d'œil à nos échanges lors de son outplacement.
Mathieu, développeur informatique dans de grands groupes internationaux durant 10 ans, se voit aujourd'hui en potier-céramiste à son compte à la suite d'une formation conséquente. A 35 ans, il fait partie de ces professionnels qui veulent donner plus de sens à leur quotidien. Il n'est pas le seul dans sa promotion, ils sont presque tous en reconversion et ils en viennent aux mains !
Des ouvrages tels "Éloge du carburateur" de Matthew B. Crawford (déjà cité), mais aussi "La révolte des premiers de la classe" de Jean-Laurent Cassely ont évoqué ce changement de la relation au travail : "Pour faire quoi, concrètement ? La plupart des jeunes révoltés se tournent vers des métiers ultra-concrets. D’après les chiffres de l’Institut Supérieur des Métiers, 30% des reprises de sociétés artisanales le seraient par d’anciens diplômés du supérieur, et jusqu’à 60% pour les créations parmi les nouveaux artisans."
Retour aux sources ? Certainement. Le manuel, le "je mets la main à la pâte" n’a jamais été aussi valorisé dans notre mutation sociétale actuelle. Mais laisser tomber son "bullshit job", abstrait et superficiel, pour passer un C.A.P. cuisine après un Bac+5 n'est parfois pas seulement l'envie du milieu de vie, mais une aspiration plus profonde liée à son Essentiel.
Au fait, le livre que Mathieu m'a permis de lire s'appelle "Kintsugi, l'art de la résilience" de Céline Santini (First Editions). J'y ai trouvé la phrase d'Hemingway : "Le monde brise les individus. Par la suite, certains sont plus forts à l'endroit de la fracture". JMP